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  • Les dispositifs 1,2 et 3

Les années qui suivirent la fin de la guerre furent troublées par des bandes de malfaiteurs, pour la plupart composées par des anciens de la Gestapo française en cavale recyclés dans les attaques d’établissements bancaires.

Aujourd’hui, c’est fréquent, mais à l’époque, c’était nouveau. La bande à Pierrot- le-Fou avait repris les activités de l’ancêtre Bonnot, l’inventeur du système.

Pour y remédier, l’Administration avait imaginé les fameux dispositifs qui, comme toujours devaient être redoutablement efficaces et mettre fin aux agissements des criminels.

Il s’agissait d’implanter des barrages d’hommes armés de mitraillettes sur différents points de la ville et de sa banlieue pour interpeller les fuyards. Le dispositif 1 s’appliquait sur les carrefours importants de la capitale. Le 2 aux portes et le 3, en
banlieue, notamment sur les ponts situés sur les grands axes. Théoriquement, ça aurait dû être efficace. Pratiquement, surtout avec les moyens de l’époque, c’était différent. Je rappelle ici que les banlieues ne disposaient que d’agents cyclistes (les hirondelles) comme moyens de transport. Les truands disposaient de tractions avant. Même avec l’arrivée des cars en 46, la disproportion étaient évidente.

Mais comment, et avec quelle célérité étaient mis en place ces barrages ?

D’abord, il fallait prévenir les services locaux. sans radio, seul le téléphone était opérationnel. L’information de l’attaque, fournie par les témoins ou les victimes, arrivait forcément incomplète, à un service quelconque de police qui le transmettait à l’etat-Major chargé de la diffusion aux différents commissariats locaux. il y en avait quarante-cinq. Vingt à Paris, vingt-cinq en banlieue. entre le départ des bandits et la réception des premières infos à l’“E-M”, il s’était déjà passé “un certain temps” comme dira plus tard Fernand raynaud. Mais ce n’est pas tout. L'"E-M” envoyait un appel général, c’est-à-dire qu’un téléphoniste faisait, par téléphone prioritaire, un appel aux quarante-cinq commissariats. Bien sûr, les fonctionnaires locaux savaient qu’il ne fallait pas faire attendre ce téléphone et les sanctions pleuvaient en cas de retard, mais sur les quarante-cinq, il y en avait toujours au moins un ou deux qui pataugeaient, soit que le préposé était plus ou moins expérimenté ou négligent. L’appel se faisait de un à quarante-cinq et les correspondants devaient répondre “présent” à l’appel de leur numéro. il y avait donc quarante-six personnes à l’écoute, difficile d’éviter la cacophonie.

Encore un “certain temps de perdu” pendant lequel nos brigands prenaient de l’avance.

Il fallait ensuite mettre les dispositifs en place, cyclistes dans un premier temps (on le sait), un peu plus rapidement quand viendront les véhicules motorisés. A mon avis, un tel déploiement n’était terminé, dans un commissariat comme Boulogne, qu’au bout de trois-quarts d’heure à une heure après la commission des faits.

Et bien tant pis, les dispositifs ont été maintenus tels quels pendant des années.

« Arrête petit, je te vois venir » (Tiens ! le “con” n’y est plus !)

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